Se ré-écrire …

Littérature et Psychanalyse

La littérature panse les plaies. Elle extrait de la souffrance imposée par le réel, de cette douloureuse douleur qui parfois devient insupportable. Elle permet ce temps de pause dans lequel, seule, l’histoire que l’on lit, est. Trouver de la satisfaction ailleurs et s’en remplir le temps de la lecture pour que le retour au réel soit moins triste et pathétique. Pour que l’horreur impact moins. Au sens fort du terme et dans l’idée que l’impact de la balle tirée par le réel puisse être, grâce à la littérature, amorti.

La psychanalyse, aussi, fait le garrot de l’âme et « pense » les plaies. L’analysant en séance dépose son bagage, duquel il espère se décharger, se libérer. Il livre son histoire, la réécrit dans une nouvelle perspective, permise par le transfert au sein de la cure.

« L ‘analyse m’a sauvée » « La littérature m’a permis de tenir le coup, elle m’a sauvée », ce sont des phrases que l’on peut entendre, en séances. Un peu comme, deux guérisseuses, elles opèrent, au cœur des fissures. Deux penseuses de plaies, et garrots de l’âme. Fortes de leur capacité de « métabolisation », elles accueillent les pensées, les soulagent. On écrit, comme on entreprend une cure. Parce-que l’une comme l’autre transforme, bouscule, terrasse parfois.

Et c’est ainsi que l’on peut craindre de pousser la porte de l’analyste tout aussi bien que d’ouvrir un livre.

Et c’est pour cet effet-là, que de ces deux une thérapeutique peut advenir…

Le traumatisme ; Brève approche théorique

(Il existe plusieurs types de traumatismes. Cet article vise à éclairer ce qu’il en est d’un traumatisme “simple” en ce sens qu’il n’est survenu qu’une seule fois et qu’il s’agit d’un événement isolé. Le terme “simple” ne dénie rien de son intensité et se rapporte plutôt à une fréquence)

Qu’est ce qu’un trauma ?

« Un choc inattendu, écrasant, qui agit pour ainsi dire comme un anesthésique » L’évènement est vécu comme imprévisible, inacceptable, la personne n’a pas de contrôle et pas de possibilité d’arrêt. Elle n’ a pas non plus de recours au sein même de la situation pour faire face à la menace et à la blessure que celle-ci représente pour son intégrité psychique  et physique.

Le trauma est brutal, violent et inexpliqué.

Louis Crocq estime qu’il « n’est pas seulement effraction, invasion et dissociation de la conscience il est aussi déni de tout ce qui était valeur et sens et surtout perception du néant, mystérieux et redouté, ce néant dont nous avons l’entière certitude qu’il existe, inéluctablement, mais dont nous ne savons rien et que nous avons toute notre vie nié passionnément »

Sans demi-mesure

L’évènement traumatique expose l’individu à la mort et au néant, à sa propre vulnérabilité, il le confronte à la fin de son monde idéal, non violent, bienveillant. Il détruit l’insouciance, qui lui permettait d’envisager le futur dans un état de relative sérénité.

Il y a traumatisme, lorsqu’un individu fait face à un excès de tension faisant déborder ses capacités d’élaboration et de liaison psychiques personnelles. En survenant dans l’effroi, le trauma cause une effraction généralisée à l’intérieur de l’être et fait place à la sidération. L’état de sidération va procéder à l’ « Arrêt de toute espèce d’activité psychique, joint à l’instauration d’un état de passivité dépourvue de toute résistance ». Aussi, le trauma va fixer l’individu dans un monde dénué de mot, un monde où le réel de la mort a été introduit. L’effroi, à l’image d’un coup de tonnerre dans le ciel (plus ou moins) bleu de la psyché, a engendré le chaos intérieur.

L’arrêt du sentiment continu d’exister causé par la sidération, va désintriquer le lien corps-psyché (et souvent donner lieu à des somatisations et des crises d’angoisse d’intensité variable). D’autant que pour se défendre des effets désorganisateurs ainsi que de la confusion mentale produite par la commotion, le psychisme va (tant bien que mal) mettre en œuvre des mécanismes de défense, différents, plus ou moins complexes, et sur des durées différentes … (déni, clivage, amnésie, dissociation…). Tous ces mécanismes sont coûteux en énergie et peuvent impacter la santé globale du sujet.

Enfin, le trauma peut donner lieu à un état de stress post traumatique mais ce n’est pas toujours le cas. La “suite” dépendra d’une multitude de facteurs (l’état physique de la personne, ses fondations psychiques, le type et l’auteur du trauma, l’existence ou l’absence de soutien post-trauma…).


Sources : FERENDZI, Sandor, « Le traumatisme », ROUSSILLON René, « Jalons et repères de la théorie psychanalytique du traumatisme psychique » CROCQ, Louis, « 16 leçons sur le trauma ».

Comment choisir son thérapeute ?

Sur quels critères se baser ?

La formation reçue est un des premiers critères à prendre en compte. Pour soigner, il faut pouvoir comprendre, l’être humain étant complexe, il est nécessaire que le thérapeute soit solidement formé. La meilleure volonté du monde ne se substituera jamais à l’acquisition des bases théoriques indispensables à une prise en charge thérapeutique de qualité.

Paradoxalement, il faut aussi garder à l’esprit que le nombre d’années d’études effectué ne pourra jamais prédire de l’efficacité d’un thérapeute . Le docteur Jacques Lecomte nous dit à ce sujet :

« L’étiquette psychologue ou psychiatre semble constituer un sésame absolu (…). Certains estiment que le fait d’avoir suivi une formation pendant plusieurs années procure automatiquement à quelqu’un la compétente pertinente pour aider toute personne qui vient consulter. C’est évidemment faux car il existe de bons et de mauvais psys. Ce propos est d’une telle banalité que je suis presque gêné de l’écrire »

ECOUTEZ VOUS ! Votre intuition vous donnera la réponse, reste à l’écouter …

Choisissez un professionnel qui vous inspire confiance, qui ne vous juge pas et ce quoi que vous lui disiez, c’est important. 

Pour ce qui est du “mauvais psy” voici quelques éléments qui devraient vous alerter :

  • Il parle beaucoup (trop) de lui même et de sa vie privée,
  • Il sous entend plus ou moins directement que les traitements médicamenteux sont inefficaces alors qu’il n’est pas médecin
  • Il manque d’empathie, il émet des jugements (sur vos précédentes thérapies ou sur vos choix de vie par exemple), il vous conseille de façon trop insistante.

Les premières séances servent (notamment) à prendre contact et à faire connaissance, vous êtes de libre de poursuivre ou pas.