Les anciens enfants maltraités / négligés sont-ils de futurs parents maltraitants ?
NON et ce n’est pas une règle. C’est un cliché qui a la vie dure mais qui n’est pas fondé !
« Cette croyance semble être due au fait que depuis des décennies, les psychologues, se sont bien plus intéressés à la transmission de la violence qu’à sa cessation ».Jacques Lecomte qui l’a étudiée, a constaté que beaucoup de parents, anciennement victimes, étaient désireux d’entourer leurs enfants d’une atmosphère d’amour, bannissant toute forme de violence de leur éducation.
D’ailleurs beaucoup de femmes enceintes ayant vécue la maltraitance, revisitent leur passé durant cette période et se questionnent sur la manière d’apporter à leur enfant attention, protection et tendresse sans être étouffantes et sans faire peser leurs angoisses. Le désir de bien faire est là et la peur de ne pas y arriver est, elle aussi, souvent présente.
Se poser ces questions, c’est déjà chercher à engager des changements.
La capacité de comprendre les états internes de l’enfant
« Les mères reproductrices de la maltraitance semblent ne pas comprendre la complexité de leur enfant et de la relation avec lui. Elles ont tendance à le considérer sous un angle exclusivement négatif ou positif, à avoir une vision simplifiée de la réalité ».
L’enjeu d’une prise de conscience
« Dans de nombreux cas, les parents qui perpétuaient le cycle de la violence, n’avaient qu’une vague impression de ce qui leur étaient arrivés et ne faisaient pas le lien entre leur passé et les soins fournit à leurs enfants. Dans un déni inconscient, ils semblaient avoir refoulé la maltraitance subie idéalisant même leur passé et le comportement de leurs parents »
En effet, dans le cas où un processus de réflexion n’a pas été engagé vis à vis du passé, il y a d’avantage de risque d’être pris dans une compulsion de répétition sans s’en rendre compte. « Les parents qui perpétuent le cycle de la violence, répètent ainsi des expériences anciennes sans se souvenir de l’expérience d’origine et ont au contraire l’impression très vive qu’il s’agit de quelque chose de pleinement motivé dans l’actuel »
A l’inverse, la capacité d’analyser de façon réaliste les liens passés et la relation entretenue vis à vis de ses propres parents permet de sortir du soi-disant « sillon tout tracé » de la répétition. Sans ça , il risque d’y avoir un « collage » au triste modèle qu’ont été les parents et une répétition des modes relationnels vécus dans l’enfance.
« Les parents qui ne reproduisent pas, sont très conscients et se souviennent avec précision de leur passé de maltraitance, dont ils parlent avec beaucoup d’émotion » Le fait d’être conscient de la souffrance vécue dans leur enfance, a permis aux parents non violents de mesurer l’impact qu’aurait une telle reproduction sur leur progéniture. Il semble que ce soit souvent au moment de leur propre enfance ou de leur adolescence, qu’ils aient pris leur décision et se soient faits « la promesse » de ne jamais reproduire ce qui les a tant fait souffrir.
Dans une étude menée par Crandell, Fitzgerald et Whipple (1997), les auteurs déclaraient : « Le fait d’accéder à la douleur de l’enfance et de l’intégrer constitue un moyen puissant de dissuasion contre la répétition du manque d’amour, tandis que le refoulement, l’isolation, ou le fait d’être absorbé par l’émotion douloureuse sont liés à la reproduction. En l’absence d’émotion intégrée, la prise de conscience peine à se mettre en place ».
Quelques éléments supplémentaires facilitent la fin du cercle de la violence : Un e capacité de réflexion sur soi même et sur autrui. La présence d’un conjoint soutenant, d’un réseau d’amis, la rencontre avec un tuteur de résilience, l’activité efficace des services de protection de l’enfance par le passé.